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Texte de Henri Zalamansky

Le monde se distend comme la pelure d'un citron vert....

et le papillon s'échappe toujours.

 

Cette phrase, d'une fraîcheur délicieuse, que Breton écrivit naguère pour une Constellation de Miro, irait à ravir aux toiles de J.C.Delannoy, car on y puise à la même source joyeuse et ludique d'une insolite fantaisie.Un déferlement de trouvailles débarque sur nos rives. Un fourbis, échoué d'on ne sait quelle généreuse débâcle. Un raz de marée de vrais bonheur...Surtout , ne triez pas ! ne vous avisez pas sottement de séparer le bon grain de l'ivraie. Ici, tout grain est bon dans la gerbe des moissons extasiées. Et propre à s'enivrer...Une corne d'abondance déverse sa pluie étoilée, la manne d'une miraculeuse ondée. Tout s'accorde pour entonner la cantique de l'adoration du monde...et réciter, pourquoi pas le Kaddish de Ginsberg- qui n'est pas la prière des morts, mais une action de grâce, un hymne à la bonté de la vie, à sa plénitude. Les peintures de J.C.Delannoy sont une profession de foi très païenne, une célébration éblouie de la profusion des choses, une jubilation.

La richesse de ce fouillis broussailleux vous déboussole...dans le labyrinthe, vous perdez le nord...Réjouissez-vous, votre errance vous fait croiser d'autres voies, vous ménage d'insoupçonnées rencontres, de neuves envolées. Croyant vous égarer, vous avez trouvé le meilleur chemin, celui qui aborde aux contrées ignorées, aux prairies des plus hauts alpages, aux jardins jadis interdits. Les girandoles de la fête embrasent la nuit d'un tourbillon de flammèches, les fleurs effeuillent leurs pétales incendiés de par les vitraux irisés du ciel. La terre est toute splendeur.

Si les toiles de l'artiste dardent ces flamboyances exaltées, c'est qu'il a aussi conscience d'être le rescapé d'un obscur cataclysme. Sa peinture est une arche de Noé, prête à accueillir, avec une infinie détresse, pauvres enfants perdus, pauvres hommes...Le radeau du patriarche est une allégorie de notre monde à la dérive. Et c'est pour prévenir ce désastre annoncé,nous préserver de la gelure des glaces, que J.C.Delannoy jette aux quatre vents ses éclaboussures d'or et de feu. Sa symphonie d'étincelles nous invite à d'opulentes, de plantureuses ripailles, avant que le cÅ“ur ne s'émacie. L'abeille fait son miel de toutes les fleurs vives, de tout ce qui est encore vivant.

 

Henri Zalamansky

 

 

Texte Waldoo (artiste plasticienne)

 

 

C’est un trait qui s’avance, libre, sur la toile blanche. Aucun GPS ne peut indiquer son itinéraire. Il n’a pas de répit, il est empressé et décisif : il se déroule à grande vitesse. Il ne suit pas la route… il crée la route ! Il imprime des territoires inconnus, ne laisse aucune impasse derrière lui.

Puis, au bout de sa course, faite de courbes instinctives, et à peine essoufflé, le trait doit céder sans ménagement à la couleur…

L’orchestration s’emballe. Les couleurs primaires créent la vie, les autres, la vibration. Un Monde surgit.

Des regards inquisiteurs, tombeurs, aux cils mouillés… des femmes et des hommes aux corps tendus et prometteurs d’inoubliables secousses.

Des interrogations, des écritures tendres et incompréhensibles.

Des doigts effilés et des bouches gonflées du frisson primitif.

Des désirs maîtrisés mais chancelants.

Puis des fleurs et des animaux.

L’Arche de la poésie est en route. Tout le monde est accepté, nulle chose n’est oubliée :

Le quidam, les icônes, nos idoles, nos symboles, nos idéaux.

Nos pensées, nos émotions secrètes.

La vie qui nous traverse…les plaisirs sensuels, les sujets graves et la délicatesse, le trouble et notre désarroi…

La joie et la fraternité.

Regardez… c’est une symphonie picturale.

Écoutez… c’est le silence avant l’explosion.

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